Physique/Chimie - Substances dangereuses

Le phosphore blanc : une substance aux multiples visages  

Des images ont récemment confirmé l'utilisation controversée du phosphore blanc au Liban-Sud, laissant derrière lui un sillage de flammes et de souffrance. Bien qu’interdite par le droit international cette arme aux effets dévastateurs, tant humains qu'environnementaux fait des ravages. Le point scientifique pour tout comprendre.

Le phosphore blanc, un composé à l'histoire ancrée dans les conflits, est une énigme chimique aux aspects militaires controversés. Alors que son utilisation est encadrée par le droit international, ses effets dévastateurs soulèvent des préoccupations éthiques, certains allant jusqu'à le qualifier de crime de guerre. Récemment l'utilisation du phosphore blanc par les troupes israéliennes au Liban-Sud a engendré des dégâts considérables, tant sur le plan humain qu'environnemental. En octobre 2023, des photographies et des vidéos circulant sur le web ont confirmé l'utilisation de cette arme dans la région, provoquant des incendies dévastateurs, des brûlures graves chez les civils et des dommages importants aux infrastructures.

 

Toxicité déconcertante 

Le phosphore blanc ne se limite pas à ses propriétés incendiaires. Considéré comme une substance hautement toxique, il provoque des lésions graves lors du contact avec la peau. En réagissant avec l'eau, qu'elle provienne de l'humidité ambiante ou du corps humain, il génère de l'acide phosphorique, amplifiant la dangerosité de ses brûlures.

Les conséquences de l'inhalation de ses fumées ne sont pas moins alarmantes, endommageant irrémédiablement les poumons. Les blessures causées par le phosphore blanc sont extrêmement douloureuses, la cicatrisation est difficile, et les séquelles persistent toute la vie.

 

Protection et traitement

Protéger contre les dangers du phosphore blanc est complexe. Les vêtements peuvent réduire les risques de brûlures chimiques, mais la menace persiste. Actuellement, aucun traitement spécifique n'existe pour les blessures causées par cette substance. L'hospitalisation est longue, et l'élimination du phosphore blanc du corps reste un défi sans antidote spécifique.

Utilisation multiple sur les fronts

Le phosphore blanc, allié des armées, revêt plusieurs visages sur le champ de bataille. Utilisé comme fumigène, il devient un allié tactique crucial pour camoufler les déplacements des troupes. Sa combustion crée un brouillard chaud qui, en perturbant les capteurs thermiques, offre une couverture stratégique efficace, rendant difficile la détection des mouvements ennemis.

Au-delà de son rôle de fumigène, le phosphore blanc est déployé sous forme de bombes incendiaires. Autorisées par le droit international pour viser des objectifs militaires tels que les bases et les dépôts de munitions, ces bombes explosent en altitude, dispersant le phosphore blanc qui tombe en produisant des flammes atteignant des températures élevées (T=1300°C). Cependant, la combustion peut ne pas être complète, laissant des résidus chauds au sol, créant ainsi des risques d'incendie qui persistent plusieurs heures après l'attaque.

Outre ses rôles offensifs, le phosphore blanc est également utilisé pour l'éclairage nocturne des champs de bataille. La combustion de cette substance libère de la lumière, offrant aux troupes une visibilité cruciale pendant la nuit.

 

Naissance d'une poudre réactive

Le phosphore blanc trouve sa source dans des minerais de phosphate, tels que l'apatite. Après un processus de transformation impliquant le broyage et l'élimination du calcium, il se métamorphose en une poudre réactive à température ambiante, appelée tétratomique P4. Cette substance, bien que toxique, déclenche également des incendies lors de sa combustion, produisant des oxydes de phosphore, dégageant de la lumière et une chaleur intense.

 

Le phosphore blanc, bien que versatile dans son utilisation militaire, pose des défis éthiques et sanitaires. Les organisations humanitaires appellent à une réflexion approfondie sur son usage, suggérant des restrictions voire une interdiction totale. Éduquer le public sur les conséquences dévastatrices du phosphore blanc, en particulier sa toxicité redoutable, pourrait être la clé pour éviter son recours excessif et préserver la sécurité et la santé des individus sur les champs de bataille.