La rentrée : entre espoirs et désillusions
Après la saison des "3a2belak/3a2belik" vient la saison des "bonne rentrée". Une phrase rituelle, presque mécanique, marquée par l'odeur des cahiers neufs et du plastique qui recouvre les manuels. Nous y sommes, le retour à la routine scolaire. Mais derrière cette façade de normalité se cache une réalité bien plus sombre.
Que reste-t-il vraiment de ces rêves de grandeur pour nos élèves ? Peu, si ce n'est une plongée lente et irrémédiable dans les abysses d'une médiocrité que l'on tolère, voire encourage.
Le système éducatif libanais, jadis reconnu pour sa rigueur et son excellence, est aujourd'hui le théâtre d'une course effrénée vers l’abandon des standards. On troque l'exigence intellectuelle contre la facilité, la réflexion contre le copier-coller, et l'ambition contre le minimalisme de surface. Chaque rentrée est un rappel cruel : nos établissements, autrefois creusets de savoir, sont devenus les fosses où se déversent la bureaucratie et l’indifférence. Des programmes en pleine putréfaction, des enseignants plus que jamais mis à l'épreuve, et des examens officiels où tout le monde finit par gagner – quelle misère !
Face à cette descente aux abysses, quelques remparts subsistent. Des enseignants qui, envers et contre tout, continuent de transmettre, de pousser les esprits à se dépasser. Des chercheurs, souvent oubliés, qui persistent à explorer des horizons nouveaux, alors même que leurs laboratoires tombent en ruine. Ils sont les derniers remparts face à cette vague de médiocrité qui menace de tout emporter. Ils sont dans leurs salles de classe et s’appellent Dolly BITAR, Mirella ELIAS, Roula HADDAD, Maria SFEIR et Georges SABER mais aussi au sein de leur laboratoires et s’appellent Richard MAROUN, Laure CHAMY, Marie ABBOUD, Charbel AFIF et Zeina HOBAIKA pour n’en citer que quelques-uns. C'est grâce à eux que, malgré tout, quelques Libanais parviennent encore à s'envoler, à briller – mais, hélas, souvent après un court passage par l'aéroport.
Ces talents, contraints à l'exil, sont le reflet de notre échec collectif. Ils sont la preuve que notre système éducatif ne parvient plus à offrir les opportunités et les défis nécessaires à l'épanouissement de nos jeunes.
Il est temps de repenser notre système éducatif de fond en comble. Il est temps de redonner à la connaissance et à la science la place qu'elles méritent. La rentrée est l'occasion de prendre un nouveau départ. C'est l'occasion de remettre en question nos certitudes et de tracer une nouvelle voie. C'est l'occasion de se réinventer pour nos enfants et pour notre pays.
Alors, à tous les étudiants, à tous les enseignants, à tous les chercheurs, je souhaite une bonne rentrée. Une rentrée placée sous le signe de l'espoir, de l'ambition et de l'excellence. Une rentrée qui marquera le début d'une véritable renaissance pour notre système éducatif.