Langues et littérature - Médias et francophonie
Médias et francophonie, entre plurilinguisme, défis et opportunités
Le ministère libanais de l'Information et l'OIF ont organisé une table ronde sur les médias et la francophonie. L'objectif : dresser un état des lieux et identifier des solutions aux défis rencontrés par la presse francophone au Liban.
Dans le cadre du mois de la francophonie, le ministère libanais de l’Information, en collaboration avec la représentation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) au Moyen-Orient, a organisé une table ronde portant sur les médias et la francophonie, le 15 mars, à l’Ecole supérieure des affaires (ESA). La table ronde a réuni les acteurs présents dans la région, locaux et internationaux, afin de soulever les problématiques rencontrés et en dégager les solutions possibles.
Socle mutuel d’une communauté linguistique se distribuant sur les quatre coins du globe, la francophonie par ses valeurs universelles et sa langue commune, rassemble et enrichit, favorisant le plurilinguisme et le dialogue interculturel. Contributeurs essentiels à la pérennité de cette dernière, les médias francophones, « bien plus que de simples vecteurs d’information » comme l’a souligné le représentant de l’OIF au Moyen-Orient, Levon Amirjanyan, « incarnent les valeurs fondamentales de la francophonie en tissant les liens uniques entre les différentes cultures et langues […] permettant une meilleure compréhension et une appréciation mutuelle entre les peuples », pourvoyant un « accès équitable à l’information », à des opinions diverses, favorisant le débat démocratique et l’ouverture au monde, a-t-il mentionné lors de l’ouverture de l’événement.
Etaient présents les acteurs des médias francophones locaux et étrangers présents au Liban, réunis en vue de trouver une solution aux problèmes auxquels fait face la presse en langue française au pays du cèdre. Elissar Naddaf, représentante et conseillère du ministère de l’Information, a rappelé le rôle de ce ministère qui se veut protecteur à l’égard de la presse, en promouvant, par exemple, les parrainages de partenariats effectués entre des acteurs étrangers, les médias locaux, privés et publics, tel celui de France Médias monde avec Radio Liban. Ce groupe international se doit d’être présent « dans une zone essentielle, présentant une importance culturelle et stratégique » raconte Serge Schick directeur du développement international et des ressources propres de France médias mondes lors d’une entrevue accordée à 961 Scientia.
En dépit de la crise, les médias francophones rencontrent toujours un public réceptif. Tel est le cas de Nostalgie avec « un demi-millions d’auditeurs, ce qui en fait la chaine non-arabophone la plus écoutée du Liban » signale Nanette Ziadé, animatrice au sein de Radio Liban et de Nostalgie. Ce qui n’a cependant pas empêché d’autres institutions de se réinventer comme L’Orient-Le-Jour qui souffle sa centième bougie en 2024. « Nous fonctionnons à bien des aspects par notre structure comme un nouveau média », explique à 961 Scientia Fouad Khoury Helou, directeur exécutif de L’Orient-Le-Jour, mentionnant l’évolution du quotidien vers le numérique. « Cela est très important car on ne peut plus échapper à la numérisation, c’est pourquoi nous ne sommes pas un parrain des médias francophones mais un partenaire parmi d’autres ».
D’autres médias, comme Ici Beyrouth, par leur contenu, cible un public jeune. « Les jeunes libanais sont un des piliers fondateurs du Liban. En tant que média francophone, Ici Beyrouth mise sur les valeurs universelles de la francophonie pour atteindre ce public. Il est essentiel de transmettre aux jeunes cette universalité de la francophonie qui ne connait pas de barrières, qu’elles soient politiques ou religieuses », nous confie Marc Saikali, PDG d’Ici Beyrouth.
Les médias locaux ne sont pas les seuls à rencontrer de nombreux problèmes. Les correspondants étrangers et binationaux sont confrontés à des difficultés administratives et sécuritaires dans la région, comme l’ont relevé Acil Tabbara directrice du bureau de l’AFP au Liban, Wissam Charraf, reporter freelance pour Arte et TV5 monde et Paul Khalifeh correspondant à Radio France internationale. Post-trauma, cible lors de conflits armés, méfiance accrue à leur égard dans la société et effets des politiques des pays auxquels leurs institutions sont soi-disant affiliées, les défis sont nombreux pour les correspondants internationaux.
Dans ce contexte, Maryam Shuman, directrice de l’agenda culturelle mentionne la « solidarité, le multiculturalisme et la persévérance » qui permettent, selon elle, d’évoluer dans une francophonie plurielle ouvrant la voie à une avancée mutuelle et la promotion de valeurs universelles.