Biologie/Santé - VIH
Vers un vaccin contre le VIH-1 : progrès et défis
La quête d'un vaccin préventif efficace contre le VIH demeure un défi majeur de la médecine contemporaine. C'est dans cette perspective, que l'Inserm-ANRS et le Vaccine Research Institute (VRI) ont dévoilé des résultats prometteurs issus de l'essai clinique de phase I d'un candidat vaccin contre le VIH.
Mia HREIBI
Depuis la découverte du virus de l'immunodéficience humaine en 1983, la recherche d'un vaccin contre le VIH a été un objectif central dans la lutte contre cette infection. Parmi les recherches majeures, l'étude RV144, aussi connue sous le nom d'« Essai Thaï », a démontré une efficacité de 31% dans la vaccination anti-VIH en 2009. Cependant, son efficacité diminuait avec le temps. Plus récemment, l'essai MOSAICO, visant à évaluer un vaccin prometteur à double composante contre le VIH, fut interrompu début 2023 en raison de résultats décevants lors de sa phase III.
Malgré ces revers, les chercheurs de l'Inserm-ANRS et du Vaccine Research Institute (VRI) restent déterminés à relever ce défi complexe, comme en atteste leur conception d’un nouveau candidat vaccin, le VR106, présentant des résultats encourageants lors de l'essai de phase I.
Le vaccin VR106 : une approche novatrice de la vaccination contre le VIH-1
Le VR106, un nouveau candidat vaccin contre le VIH-1, développé par l'Inserm-ANRS et le Vaccine Research Institute (VRI), utilise une stratégie novatrice ciblant les cellules dendritiques pour stimuler une réponse immunitaire spécifique. Les premiers résultats de l'essai clinique de phase I, lancé en février 2023, montrent une sûreté et une efficacité relative, avec une réponse immunitaire robuste contre le VIH. Cependant, l'efficacité du vaccin reste à confirmer dans les phases II et III.
Mécanisme d'action : exploiter les cellules dendritiques
Les cellules dendritiques, gardiennes du système immunitaire, patrouillent en permanence dans tout l’organisme à la recherche d'envahisseurs microscopiques tels que les virus ou les bactéries, ainsi que de cellules endommagées. Une fois qu'elles ont capturé ces menaces, elles alertent les autres cellules immunitaires en utilisant une molécule essentielle, le CD40. Ce dernier fonctionne comme un signal d'alarme, déclenchant une réponse immunitaire renforcée pour nous protéger efficacement. Le vaccin VR106 exploite cette dynamique en injectant des anticorps monoclonaux, des protéines conçues en laboratoire, pour cibler spécifiquement la molécule CD40 présente à la surface des cellules dendritiques. Cette stratégie permet au système immunitaire de mieux détecter et combattre le virus. Une fois activées, les cellules dendritiques présentent les antigènes viraux aux lymphocytes T CD4+, un type de globules blancs qui expriment le récepteur CD4 à leur surface, initiant ainsi une réponse adaptative. Ainsi, l'objectif ultime du vaccin VR106 est de capitaliser sur ce processus pour stimuler une réponse immunitaire spécifique et robuste contre le VIH-1.
Le VIH en microscopie électronique à transmission, Bibliothèque d'images de santé publique (Public Health Image Library) (PHIL) des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.
Les défis de la lutte contre le VIH : comprendre la complexité d'un rétrovirus
Le VIH est un rétrovirus complexe qui se décline en deux types principaux : le VIH-1, largement répandu et plus virulent à l'échelle mondiale, et le VIH-2, présent notamment en Afrique de l'Ouest et dans certaines zones d'Asie, avec une tendance généralement moins agressive. Il se transmet principalement par contact avec des fluides corporels infectés comme le sang, le sperme, les sécrétions vaginales ou le lait maternel, via les muqueuses lors de rapports sexuels non protégés, le partage de seringues contaminées ou de la mère à l'enfant pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement. Le VIH affaiblit graduellement le système immunitaire en visant spécifiquement les lymphocytes T CD4+, jusqu’à conduire à l'apparition du syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). Cette menace est accentuée par la capacité rapide du virus à muter, créant ainsi un obstacle significatif au développement d'un vaccin efficace et pouvant encourager l'émergence de résistances aux médicaments antirétroviraux.
En définitive, bien que des chercheurs, tels que ceux de l'Inserm-ANRS du VRI, aient réalisé des avancées à souligner, le développement d'un vaccin préventif contre le VIH reste un défi de taille en raison de la complexité inhérente du virus. En attendant la mise au point d'une solution définitive, des mesures de prévention telles que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) demeurent essentielles pour réduire le risque de transmission chez les individus exposés. Parallèlement, il est impératif de souligner que le dépistage régulier du VIH, l'utilisation du préservatif et le traitement antirétroviral chez les personnes séropositives demeurent les piliers essentiels dans la lutte contre la propagation du VIH.